Les ruelles des bas quartiers

Venant de l'Appartement de Black Velvet

En fermant la porte de mon appartement, je remarquais comme une brume qui s'étalait dans la rue, enveloppant toute chose d'un voile mystérieux. Le dehors était grisonnant, et les quelques rayons de soleils qui parvenaient jusqu'à moi étaient filtrés par ce brouillard aux allures surnaturelles. Une odeur de pierre mouillée emplit mes narines, me faisant penser qu'il devait avoir plu il y a peu, ou que cette brume humide et épaisse était persistante. Sur ma gauche se trouvait une poubelle trop garnie qui commençait à recracher ce qu'elle avait pu avaler, et un réverbère éteint, rongé par la rouille. A son pied, un chien était en train de faire ses besoins, ajoutant à l'ambiance un côté odorant quelque peu désagréable.

"Aller, va-t-en !"

Sur ma droite, au bout de la rue, je pu apercevoir un croisement, donnant apparemment sur une rue plus large, et plus fréquentée. Je m'y dirigeais donc dans l'espoir de trouver une personne qui puisse me fournir des renseignement sur ce qu'était Hellsnow.

*A la bonne vautre... qu'est ce que cela peut vouloir dire ?*

Arrivée dans la rue, pas tellement plus lumineuse, et bordée d'habitation au moins aussi miteuse que la mienne, je me mis en tête de trouver quelqu'un pour me renseigner.

*Qui pourra me fournir ces infos... Hellsnow est le seul indice que j'ai, il faut à tout prix que je sache ce que c'est. Doit bien y'avoir un bar ou je ne sais trop quoi...*

Aussi, je regardais autour de moi pour trouver un bistro ou un café dont le comptoir serait fréquenté. Le soleil semblait, au travers du brouillard, être au zénith, il serait donc bientôt l'heure de manger. Je me dirigeais donc vers une gargotte d'où s'échappait une odeur particulièrement alléchante. A l'intérieur, quelques poivrots, piliers de bar visiblement, étaient en train de bouloter quelques légumes accompagnés d'une viande en sauce qui, malgré la maigre quantité dans l'assiette, semblait aussi appétissante qu'un rôti bien fumant entouré de pommes de terre poêlées à l'estragon, sur lesquelles viendraient un confit d'oignon au poivre noir. Je ne pu y résister plus longtemps, et sans plus attendre, entrais dans la boutique.

"Bonjour. Excusez moi monsieur, serait il possible de commander la même assiette que ces messieurs ? Je meure d'envie de goûter à votre cuisine."

Le vieil homme à lunette derrière le comptoir fronça les sourcils et, me reluquant des pieds à la tête par dessus ses culs-de-bouteille, me dit :

"Désolé Mademoiselle, mais il ne m'en reste plus, et d'ailleurs, l'heure du service est passée."
"Mais par contre, nous on veut bien te faire gouter autre chose, ma belle ! Hehehe..."

Je ne pensais pas, en entrant dans cette échoppe me faire accueillir de manière aussi sauvage, mais puisque visiblement, on ne voulait pas me servir, et que l'on m'y prenais pour une fille de joie, peut être pouvais-je me contenter de me renseigner.

"Est ce qu'on se connait, messieurs ? Puisque vous me semblez si familiers, je peux penser que oui, et dans ce cas, vous n'hésiterez pas à me renseigner. Je recherche toutes les informations qui concernent "Hellsnow", et "A la bonne vautre", est ce que cela vous dit quelque chose ?"

Aussi secs, les sacs à vin à la langue bien pendue sont retournés à leur gamelle, me laissant sans réponse. Je tournais alors les talons, murmurant à demie-voix :

"Sac-à-gnôle"

En passant à côté du taulier, je lui fit un dernier sourire et dit en partant :

"Merci quand même, je reviendrai à l'heure la prochaine fois."

"Attendez !" dit il au moment ou je passait le pas de la porte. "Je ne peux rien vous dire sur Hellsnow. En revanche, si vous cherchez l'enseigne de la bonne vautre, je peux vous indiquer l'adresse."

Il me tendit un bout de papier sur lequel était grifoné un plan. Le lieu-dit ne semblait pas très loin si on en jugeait par le dessin, je pouvais y être en peu de temps.

"Merci beaucoup. Aurevoir monsieur !"

En sortant, je pu entendre le taulier grommeler à ses clients une remarque sur la politesse, et cela me fit esquisser un sourire mesquin. Je pris la direction indiquée par la modeste carte, espérant rallier la bonne vautre avant la tombée de la nuit.

Vers l'enseigne de la Bonne Vautre.